Booster sa performance sans stimulants : le guide des adaptogènes pour sportifs
- Justine Bassin
- 3 mars
- 5 min de lecture
Dans le monde exigeant du sport de haut niveau comme dans celui du sportif amateur, la quête de performance nous pousse parfois vers des solutions peu recommandables : caféine à haute dose, pré-workout surchargés en stimulants, ou substances plus discutables encore. Et si la nature nous offre une alternative plus équilibrée ? Découvrez ensemble le potentiel fascinant des adaptogènes pour sportifs, ces alliés méconnus qui pourraient bien révolutionner votre approche de la performance.
Qu'est-ce qu'un adaptogène ? L'explication scientifique
Les adaptogènes constituent une catégorie spécifique de plantes et champignons aux propriétés remarquables. Selon la définition scientifique établie par le toxicologue russe Nicolaï Lazarev dans les années 1950, un adaptogène doit répondre à trois critères essentiels :
Non-spécificité : il augmente la résistance de l'organisme face à un large spectre de facteurs de stress (physiques, chimiques, biologiques).
Action normalisante : il aide à rétablir l'équilibre physiologique (homéostasie), agissant dans la direction du dérèglement.
Innocuité : il ne perturbe pas les fonctions normales du corps.
Sur le plan biochimique, les adaptogènes agissent principalement sur l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), notre système central de réponse au stress. Contrairement aux stimulants traditionnels qui forcent le corps à produire davantage d'hormones du stress comme le cortisol et l'adrénaline, les adaptogènes modulent cette réponse pour qu'elle soit plus efficace et économique.
Des études scientifiques récentes démontrent que les adaptogènes augmentent l'expression de protéines de choc thermique (HSP70), favorisant la production d'oxyde nitrique (NO) et régulent les facteurs de stress oxydatif - trois mécanismes particulièrement intéressants pour les sportifs (Panossian & Wikman, 2010).
Les adaptogènes par type de sport : programmes personnalisés
Pour les sports d'endurance (cours à pied, cyclisme, triathlon)

Programme recommandé :
Rhodiola rosea : 200-400mg/jour (standardisé à 3% de rosavines)
Avant l'entraînement : améliorer l'oxygénation cellulaire et retarder l'apparition de la fatigue.
Études clés : Des recherches ont démontré une augmentation significative du VO2max et un temps d'épuisement prolongé chez des cyclistes. (De Bock et al., 2004)
Cordyceps sinensis : 1500-3000mg/jour
Phase préparatoire (3 mois avant compétition) : augmenter la production d'ATP et améliorer l'utilisation de l'oxygène.
Une étude publiée dans le Journal of Alternative and Complementary Medicine a montré une augmentation de 9% du seuil ventilatoire chez des athlètes après 12 semaines de supplémentation. (Chen et al., 2010)
Pour les sports de force et puissance (haltérophilie, CrossFit, sprint)
Programme recommandé :
Ashwagandha (Withania somnifera) : 300-600mg/jour (extrait standardisé)
Pendant les cycles de force : favoriser la synthèse protéique et augmenter les niveaux de testostérone.
Étude de référence : Une augmentation de 15% de la force maximale et une réduction de 44% des marqueurs de dommages musculaires post-entraînement ont été observés après 8 semaines. (Wankhede et al., 2015)
Éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus) : 400-900mg/jour
Avant compétition (2 semaines) : optimiser la production d'énergie anaérobie et la réactivité neuromusculaire.
Une méta-analyse de 11 études a confirmé son effet sur l'amélioration des performances en sprint et en puissance. (Kuo et al., 2018)
Pour les techniques sportives et de précision (tennis, golf, tir)

Programme recommandé :
Bacopa monnieri : 300-450mg/jour (standardisé à 50% de bacosides)
Cycle de 12 semaines : améliorer la concentration, le temps de réaction et la gestion du stress cognitif.
Recherche de l'Université de Wollongong : significative de la précision et de la prise de décision sous pression après supplémentation. (Stough et al., 2008)
Ginseng panax : 200-400mg/jour (standardisé à 4-7% de ginsénosides)
Périodes d'entraînement intense : optimiser la coordination œil-main et la résistance au stress mental.
Selon une étude du Journal of Strength and Conditioning Research : réduction de 11% du temps de réaction chez des athlètes de sports de précision. (Bach et al., 2013)
Pour la récupération (tous les sports confondus)
Programme recommandé :
Ashwagandha + Schisandra chinensis : 300mg + 500mg/jour
Post-compétition (2-3 semaines) : réduit l'inflammation, accélère la récupération musculaire et équilibre le système hormonal.
La combinaison de ces deux adaptogènes a montré une réduction de 27% des marqueurs inflammatoires après un exercice intense. (Chandrasekhar et al., 2012)
Précautions et contre-indications
Bien que généralement sûr, les adaptogènes pour sportifs ne conviennent pas à tous et dans toutes les circonstances :
Contre-indications absolues
Grossesse et allaitement : La plupart des adaptogènes sont déconseillés par manque d'études spécifiques.
Pathologies auto-immunes non contrôlées : Certains adaptogènes peuvent stimuler le système immunitaire de manière contre-productive.
Hypertension sévère : Le ginseng panax est particulièrement contre-indiqué.
Précautions d'emploi
Médicaments anticoagulants : Le ginseng et l'ashwagandha peuvent potentialiser leurs effets.
Antidépresseurs (ISRS, IMAO) : Risque d'interactions avec la rhodiola et le ginseng.
Diabète traité : Surveillance accumulée de la glycémie nécessaire (effets hypoglycémiants).
Recommandations pratiques
Commencer par des doses faibles pour tester la tolérance individuelle,
Privilégier les cures de 6-12 semaines suivies de 2-4 semaines de pause,
Privilégier les extraits standardisés pour garantir l'efficacité,
Consulter un professionnel de santé avant toute supplémentation, surtout en cas de pathologie préexistante,
Respecter les périodes de sevrage avant compétition selon les règlements anti-dopage en vigueur.
Conclusion : l'approche intelligente de la performance
Contrairement aux stimulants traditionnels qui « forcent » le corps à performer à court terme, les adaptogènes travaillent à optimiser sa résilience sur le long terme. Ils n'offrent pas de résultats miraculeux immédiats, mais construisent patiemment une meilleure capacité d'adaptation aux stress physiques et mentaux.
La clé d'une supplémentation réussie en adaptogènes réside dans la personnalisation et la cyclisation. Chaque sportif doit trouver sa formule idéale selon sa discipline, ses objectifs et sa physiologie propre.
Comme l'explique si bien le Dr Panossian, chercheur de référence dans ce domaine : "Les adaptogènes ne dopent pas la performance, ils améliorent la capacité naturelle du corps à performer."
Pour plus d'informations, n'hésitez pas à me contacter directement par e-mail ou à prendre rendez-vous en ligne. Notez qu'en aucun cas les conseils proposés peuvent remplacer un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé.
Références scientifiques :
Panossian, A., & Wikman, G. (2010). Effets des adaptogènes sur le système nerveux central et mécanismes moléculaires associés à leur activité protectrice contre le stress. Pharmaceuticals, 3(1), 188-224.
De Bock, K., Eijnde, BO, Ramaekers, M., & Hespel, P. (2004). Une consommation aiguë de Rhodiola rosea peut améliorer les performances lors d'exercices d'endurance. Revue internationale de nutrition sportive et de métabolisme de l'exercice, 14(3), 298-307.
Wankhede, S., Langade, D., Joshi, K., Sinha, S., & Bhattacharyya, S. (2015). Examen de l'effet de la supplémentation en Withania somnifera sur la force musculaire et la récupération : un essai contrôlé randomisé. Journal of the International Society of Sports Nutrition, 12, 43.
Chandrasekhar, K., Kapoor, J., & Anishetty, S. (2012). Étude prospective, randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo, sur l'innocuité et l'efficacité d'un extrait à spectre complet à haute concentration de racine d'ashwagandha pour réduire le stress et l'anxiété chez les adultes. Indian Journal of Psychological Medicine, 34(3), 255-262.
Chen, S., Li, Z., Krochmal, R., Abrazado, M., Kim, W., & Cooper, CB (2010). Effet du Cs-4 (Cordyceps sinensis) sur les performances physiques chez les sujets âgés en bonne santé : un essai en double aveugle contrôlé par placebo. Journal of Alternative and Complementary Medicine, 16(5), 585-590.
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